En 2016, l'état de santé de l'empereur Akihito se dégradant, il exprime son souhait de se retirer du pouvoir. Premier dans l'ordre de succession au trône, son fils Nahurito deviendra ainsi officiellement empereur le 1er mai 2019 et son épouse Masako, impératrice consort.

« Symbole de la Nation »

Le terme "empereur" a été inspiré par la Chine comme un qualificatif suprême. L'archipel ayant perdu en 1945 face aux Américains ce sont eux qui vont organiser l'après-guerre du Japon. Cela signifiait trouver un système institutionnel plus démocratique. Garder l'empereur fût donc considéré comme très important car il représentait un symbole important aux yeux du peuple japonais. Encore aujourd'hui les personnes qui aimeraient qu'il y ait un président sont minoritaires. 

En effet, l'empereur est très important pour les Japonais car il est le « symbole de la Nation ». De ce fait, il représente tous les Japonais ensemble. Très apprécié des Japonais pour son charisme, ils se sentent proche de lui.
Dans le système institutionnel ainsi que sur le plan politique, l'empereur n'a pas de pouvoir. Selon la Constitution du pays de 1947 par laquelle l'empereur a perdu son statut semi-divin, il a uniquement un rôle de représentation. Il n'est pas autoriser à se prononcer sur la politique du pays, et sa vie est régie par une organisation gouvernementale, l'Agence impériale. Installée dans le Palais, elle décide de tout pour la famille impériale, des déplacements officiels aux plats servis à table.

Naruhito a exprimé à plusieurs reprises son désir de moderniser l'institution. Il s'est notamment prononcé pour la modification de la loi de succession, qui interdit aux femmes de monter sur le trône, son épouse Masako et lui n'ayant eu qu'une fille. Mais, depuis la naissance en 2006 de son neveu, le prince Hisahito, la relève est assurée et les volontés de modernisation remises à plus tard.

Pourquoi changer d'ère ?

L'annonce d'une nouvelle ère est un moment historique pour le pays. Les ères ne sont pas juste un symbole. Si le pays a adopté le calendrier grégorien à la fin du XIXe siècle, il a conservé en parallèle la datation en ères. Par exemple, l'année 2019 est l'Heisei 31, soit la 31e année de règne de l'empereur Akihito. Inscrit sur les documents officiels et sur la plupart des journaux, le nom de l'ère rythme la vie des Japonais.

Depuis l'instauration du système, en 645, 247 ères se sont succédé. Il n'y a pourtant pas eu autant de monarques. Avant l'ère Meiji (1868-1912), plusieurs changements d'ère pouvaient avoir lieu durant le règne d'un même empereur, et plusieurs empereurs pouvaient régner tour à tour pendant une même ère. Après une guerre, une famine ou une catastrophe, l'inauguration d'une période était vue comme un renouveau.

De plus, le passage d'une ère à une autre se passe habituellement lorsqu'un monarque décède et que son successeur accède au trône du Chrysanthème. Cette fois cependant, la situation est inédite dans le Japon moderne. En effet, l'empereur Akihito a émis le souhait, en août 2016, de se retirer de son vivant, ce que ne permet normalement pas la Constitution. Une loi spéciale a dû être édictée pour lui ouvrir ce droit. Atteint d'un cancer, il avait à l'époque invoqué des raisons de santé. Trois ans plus tard, son fils aîné Naruhito monte sur le trône.

Le Japon entre dans l'ère Reiwa

Au cours des dernières semaines, Akihito et son épouse Michiko ont effectué leurs ultimes pèlerinages à travers le pays, qu'ils ont sillonné pendant trois décennies, notamment pour aller réconforter les sinistrés après les nombreuses catastrophes naturelles de leur règne. Couple respecté et aimé, ils héritent des titres d'empereur émérite et d'impératrice émérite.

Ils cèdent ainsi le palais impérial à Naruhito et son épouse Masako, respectivement âgés de 59 et 55 ans. L'ère impériale qui s'ouvre au Japon avec le règne de l'empereur Naruhito s'appelle "Reiwa", association de deux idéogrammes qui honorent l'"harmonie" porteuse d'espérance. Celle-ci succède à l'ère Showa (1926 -1989) et à l'ère Heisei (1989 – 2019).

Plusieurs mois ont été nécessaires pour choisir le nom de l'ère à venir. Un comité composé de neuf personnalités issues de différents domaines, dont le prix Nobel de médecine Shinya Yamanaka, fût réunit. Les propositions sont présentées en amont aux empereurs, mais du fait de leur rôle uniquement symbolique, comme défini dans la Constitution de 1947, ceux-ci ne peuvent pas se prononcer. C'est désormais le gouvernement, lors d'un Conseil des ministres extraordinaire, qui tranche. Avant 1947, l'empereur choisissait lui-même le nom de son ère.

Pendant tout le processus, les téléphones portables sont interdits pour éviter une fuite. Le secrétaire général et porte-parole du gouvernement présente à la sortie un shikishi, carton blanc sur lequel sont inscrits les kanjis qui représentent le nouveau nom de l'ère.

Le fonctionnement en ères venant de la Chine ancienne, les noms des ères étaient traditionnellement tirés de la littérature chinoise. Mais celle à venir marque une rupture car son nom a été sélectionné dans le Manyoshu, anthologie japonaise datant de 760.

Reiwa est donc un mot formé par deux idéogrammes japonais, signifiant respectivement "ordre", "agréable" et "paix", "harmonie". Sa signification a été précisée par le Premier ministre, Shinzo Abe : "Le printemps vient après l'hiver sévère, ce nom veut marquer le début d'une période qui déborde d'espoir."